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Mercredi, Février 23 2011 17: 13

Travail et travailleurs

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Le concept de « Santé pour tous » de l'Organisation mondiale de la santé envisage un état de santé qui permet aux personnes de mener une vie économiquement et socialement productive. Ceci est contraire au précepte individualiste directeur de « l'homme économique », qui ne cherche qu'à satisfaire ou à améliorer son bien-être économique. De plus, alors que nous reconsidérons le monde du travail, il est temps de repenser la notion de « ressources humaines » ou de « capital humain », un concept qui considère les humains comme des instruments économiques durables, diminuant leur humanité essentielle et transcendantale. Et quelle est la validité du concept de « taux de dépendance », qui considère toutes les personnes jeunes et âgées comme des personnes à charge non productives ? Ainsi nos préceptes et pratiques actuelles subordonnent ou subvertissent l'idée de société à celle d'économie. Les défenseurs du développement humain insistent sur la nécessité d'économies robustes comme moteurs de la satisfaction des besoins de la société, grâce à la production, la distribution et la jouissance équitables des biens et des services.

Lorsque l'accent est mis indûment sur l'économie, la famille n'est considérée que comme l'unité qui produit, entretient et restaure les travailleurs ; de ce point de vue, la famille doit s'adapter aux exigences du travail, et le lieu de travail est dispensé d'aménagement pour harmoniser travail et vie familiale. La Convention de l'OIT sur les travailleurs ayant des responsabilités familiales, 1981 (n° 156), n'a été ratifiée que par 19 États, contrairement à la Convention des Nations Unies sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes sous toutes ses formes, qui a été ratifiée par presque tous ses membres. L'OIT a constaté que très peu de pays ont signalé l'adoption et la mise en œuvre de politiques nationales explicites couvrant les travailleurs et les travailleuses ayant des responsabilités familiales, conformément à la convention.

Les projets de développement humain de la Banque mondiale ne représentent actuellement que 17 % des prêts. Dans des rapports récents, la Banque mondiale a reconnu l'importance des investissements dans la santé et l'éducation, et a reconnu qu'un nombre important de mégaprojets de développement ont échoué faute de la participation des bénéficiaires visés. Dans un énoncé de vision pour l'avenir, le président de la Banque a indiqué qu'il serait davantage mis l'accent sur les effets environnementaux et sur le développement humain pour soutenir l'éducation, la nutrition, la planification familiale et l'amélioration du statut des femmes.

Mais il y a encore un décalage conceptuel. Nous entrons dans le XXIe siècle de façon anachronique aux prises avec les philosophies et les théories du XIXe. Sigmund Freud (bien qu'il ait conféré son manteau à sa fille) croyait que les femmes avec leur surmoi instable étaient moralement et biologiquement déficientes; Adam Smith nous a appris que la servante, contrairement à l'ouvrière d'usine, n'était pas économiquement productive, tandis que Charles Darwin croyait en la « survie du plus fort ».

Dans ce chapitre, nous présentons des essais sur la transformation du travail, sur les nouvelles technologies et leurs implications pour le bien-être des travailleurs, et sur diverses formes d'exploitation des travailleurs. Nous tenons compte des besoins des travailleuses et des défis auxquels nous sommes confrontés pour maximiser le potentiel humain.

Le monde est arrivé à la croisée des chemins. Elle peut continuer sur la voie de l'économie néoclassique et du « darwinisme social », avec un développement inégal et inéquitable, avec un gaspillage et un dénigrement des capacités humaines. Ou encore, il peut opter pour une politique publique saine, à l'échelle nationale et internationale. Une politique publique saine vise à réduire les inégalités, à créer des environnements favorables et durables et à améliorer l'adaptation et le contrôle humains. Pour ce faire, nous avons besoin d'institutions démocratiques transparentes, réactives, responsables, responsables et véritablement représentatives.

 

Noir

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